J'étais au courant de la situation des migrants bien avant d'arriver à Tucson. J'ai en effet fait beaucoup de recherches sur la construction du mur pour ma propre connaissance et pour mes études d'histoire de l'art et de géographie.

Installation de JR, photographie géante de "Kikito", enfant mexicain regardant par-dessus le mur.

La seule idée de construire un mur était tout simplement incroyable pour moi. Mais malheureusement, c'est réel. Les gens séparent réellement deux pays. Quel geste fort. Je ne comprends toujours pas et ne comprendrai jamais.

J'ai commencé à écrire le court-métrage à Cavaillon, dans le sud de la France, en 2020. À cette époque, je ne savais pas que je tournerais un jour mon film.

J'ai également été inspirée par la situation actuelle des migrants dans le nord de la France qui tentent de traverser la Manche pour atteindre le Royaume-Uni. Je vis à Lille depuis que je suis toute petite et j'ai toujours entendu parler de la Jungle de Calais et des pauvres gens qui tentent de survivre là-bas.

Lorsque je suis arrivée aux États-Unis, j'ai commencé à faire du bénévolat pour aider une organisation à but non lucratif à changer la loi et à aider les migrants à avoir accès à un avocat gratuit pour défendre leurs droits.

J'avais toujours cette idée d'un court-métrage pour exprimer ce que je ressens face à cette situation.

Le projet a d'abord été lié à l'organisation mais mon projet était trop fictif et poétique pour eux et j'ai finalement dû le faire en tant que projet personnel.

C'était pour le mieux, car je n'ai jamais eu l'intention de faire un documentaire. Je voulais simplement exprimer ma reconnaissance envers les personnes qui traversent illégalement la frontière. Je voulais aussi faire ressentir au public ce que j'imagine que l'on ressent quand on perd quelqu'un, sans explications, sans corps, sans rien.

Je ne prétends pas savoir ce que ça fait. Personne ne peut l'imaginer.

Mais je voulais partager ma vision de cette situation critique d'une manière plus aimante et plus ouverte que celle d'un simple documentaire montrant des cadavres.

Le tournage...

J'ai trouvé mes acteurs grâce à l'affiche d'appel à casting que j'ai partagée partout à Tucson, à l'école de théâtre et à l'école de cinéma.

Ray Cuevas (Luis) : J'ai décidé de répondre à l'appel à casting pour le court-métrage parce que j'ai senti que c'était une histoire qui devait être racontée. Je pense que peu de gens en dehors de la culture latino-américaine connaissent les véritables dangers et les luttes qui accompagnent l'arrivée des immigrants en Amérique.

Oscar De La Rocha (Juan) : J'ai décidé de postuler pour le rôle en raison de ma profonde familiarité avec les circonstances de l'histoire. Bien que je n'aie aucun membre direct de ma famille qui ait dû traverser la frontière de cette manière préjudiciable, j'ai rencontré des gens qui l'ont fait, malheureusement. Ces personnes cherchaient toujours à améliorer leur situation chez elles, et la seule solution était de partir par tous les moyens possibles. Vous savez que leur situation était mauvaise quand ils ont dû risquer leur vie simplement dans l'espoir d'une vie meilleure ailleurs.

Mon équipe était composée d'étudiants de l'Université d'Arizona qui m'ont aidé après que je les ai aidés sur leur propre projet scolaire.
Mes amis étaient également présents pour m'aider en tant que PA et photographe.
J'ai également eu la chance d'avoir ma chère amie Dina à mes côtés pour m'aider dans la direction des acteurs.

Nous avons tourné pendant une journée, dans le sentier de Gates Pass. C'était intense mais nous l'avons fait !

Photograhies :Tori Garret

La projection...

J'ai fait le montage du son et de l'image moi-même, ce qui m'a pris beaucoup de temps pour terminer la version finale du film.
Malheureusement, je n'ai pas pu le montrer aux Etats-Unis.
Mais, j'ai eu l'incroyable honneur de pouvoir présenter mon film aux 19ème rencontres cinématographiques de Cavaillon dans le sud de la France.
Merci beaucoup à Eric Tellène de m'avoir permis de présenter ce projet très spécial dans un cinéma.